Kank savait par expérience que diriger une guilde n'était pas une simple affaire, que de la quitter l'était encore plus, mais il ne pouvait qu'imaginer ce que la dissoudre pouvait faire. Il avait vu et suivi, par l'intermédiaire de son apprenti caractériel, l'évolution des évènements, jusqu'à ce jour fatidique...
Assis autour du feu, il regardait Anouba dans les yeux et cherchait en vain les mots appropriés pour apaiser sa peine...
-Tu sais Anou, au delà des guildes, ce sont surtout les amis qui comptent. Bien évidemment, on laisse toujours une part de soi, mais il ne faut pas te miner le moral ou souffrir de tout ceci.
Anouba, silencieuse, regardait danser les flammes du feu de camp improvisé. Qu'allaient devenir ses compagnons, ses amis et sa famille désormais? Etait-ce la meilleure décision? Comment en était-on arrivé là?
-Et puis, un blason ne reste qu'un blason, il n'altère en rien tes liens avec ceux que tu aimes, qu'ils portent le même insigne ou non. Ta famille est désormais parmi nous, nous sommes réunis, un peu par la force des choses, mais nous sommes ensemble. Et j'ai besoin de toi...
Son regard se releva lentement et scruta les deux yeux qui surmontaient une barbe mal rasée, dissimulée par la pénombre de la nuit. Un sourire apparut progressivement et illumina son visage.
-J'ai des projets figure toi. Ce n'est pas parce que je dors tout le temps, que mon rasoir a besoin d'être affuté et que j'abuse des tonneaux de gloutorhum que je ne peux pas imaginer des projets. J'ai besoin de gens sur qui je peux m'appuyer pour continuer à explorer le monde, réunir une fidèle association de voyageurs et aventuriers, et terminer d'explorer les plus terribles donjons de Menalt. Prends tes marques, présente ta famille au reste de nos compagnons, et apprends à les connaitre. Ici, ce petit coin de foret et ce feu de camps, sont désormais ta maison. J'espère que tu t'y plairas autant que moi!
Un sourire amusé se dessina sur le visage d'un Kank qui attrapa une cuisse de Wabbit grillé et l'attaqua sans merci d'une canine rageuse. Anou, calmement, observa son époux dévorer son repas, s'approcha du feu, puis attrapa à son tour une cuisse juteuse grillée à point.
- Rassure moi, ce genre de nourriture ne fait pas des taches irrécupérables?
La tunique trouée et tachée de son mari répondit à sa place, tout absorbé qu'il fut à l'extermination méthodique des victuailles qui grésillaient sur la flamme...