Poum Poum Tchak

L'homme s'avança sur l'étroit sentier menant à sa demeure, comme à son habitude... Pourtant rien n'était habituel ce jour là.



Le silence régnait dans la forêt et le fracas des sabots sur le sol semblait assourdissant, comme si toutes activités s’étaient soudainement arrêtées. Les oiseaux ne chantaient plus, le vent ne soufflait plus et les feuilles restaient comme suspendues dans un air trop épais pour qu’elles puissent retomber. Tout semblait irréel, le temps s’était arrêté et seul l’homme chevauchant lentement sur le sentier donnait un sens à cette scène interrompue.
La puanteur envahie alors ses narines ; une odeur de chairs et de cheveux brûlés lui souleva le cœur. Le pire fut néanmoins de découvrir le massacre. Là, sous ses yeux, sa famille avait été massacrée. Sa femme et son fils pendus devant ce qu’il restait de sa maison de bois encore en proie aux flammes. Son cœur se serra et c’est alors que toute humanité le quitta au fur et à mesure que les larmes coulaient le long de son visage. Chaque trait devint plus dur et son regard plus froid pour finalement remplacer tristesse par haine, amour par vengeance.

Il enterra les deux seuls êtres qui comptaient à ses yeux et se mit en chasse. Il apprit rapidement qu’un groupe de douze hommes était passé la veille dans la ville voisine de Tarbolin. Visiblement un groupe de mercenaires qui s’était en effet diriger vers la forêt où il habitait. Ce massacre avait donc eu lieu par hasard, mais il n'en avait cure. Cette macabre chasse à l’homme était la seule chose qui le pousser à rester en vie et tant que ces douze mercenaires respiraient encore, il ne trouverait pas le repos. Du moins, c'est ce qu'il pensait.

Cela lui pris 9 ans pour tous les retrouver et les tuer, l'un après l'autre, de façons plus cruelles les unes que les autres. Certain avait fait carrière ou même fondé une famille. Mais il les tua sans état d’âme, jusqu’au dernier.

Sa triste besogne terminée, il n’en tira aucune satisfaction. Rien ne lui rendrait ce qu’il avait perdu et la vivre de sens à ses yeux. Il décida alors de faire ce qu’il savait de mieux et qu’il avait apprit au cours de ses 9 dernières années : tuer. Il s’engagea dans l’armée et devint rapidement un combattant chevronné et aimé de tous pour ses exploits sur les champs de batailles. N’ayant plus rien à perdre il était toujours en première ligne et rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Les corps s'entassaient là où il passait, tel un fléau implacable. La mort ne voulait décidément pas de lui. Mais sa douleur était toujours présente, là, au fond de son cœur et elle le faisait souffrir, comme aucune autre blessure qu’il avait récoltée durant ses 6 années de service.

Néanmoins, un jour, il reçu une flèche perdue lors d’une bataille et faillit y rester. Une fois de plus la mort n'avait pas voulut de lui. A son réveil un homme se tenait à son chevet. C’était un soldat de sa division, qui visiblement, paraissait soulagé qu’il aille mieux. Peu de temps après, ils quittèrent tous les deux l’armée et devinrent des amis inséparables.
C’est à partir de ce jour qu’Oxias est né. De cet homme nourrit de vengeance et de haine. Il trouva l’amitié et avec elle une nouvelle raison de continuer à vivre. Il se surprit à rire et petit à petit sa douleur régressa lentement. Pas totalement, mais suffisamment pour pouvoir vivre avec...

Quelques années plus tard il retourna là où jadis il avait habité avec la seule famille qu'il n'est jamais eu. Il y trouva quelques vestiges de poutres et d’arpents de murs recouverts de mousses. Les oiseaux chantaient de nouveau et le vend chaud caressait agréablement la peau de son visage. Il fit un bouquet, qu'il déposa devant les tombes de sa femme et son fils. Il resta là un long moment, silencieux.



Puis il parti.